Mythe ou réalité lors d’un divorce : le montant de la pension alimentaire ne change jamais.
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6 août 2023
Un des mythes qui persiste est que le montant de la pension alimentaire ne peut jamais être modifié.
Rien n’est moins vrai : la pension alimentaire peut être modifiée (à l’exception d’une situation spécifique de pension alimentaire personnelle antérieure au 01.09.2007, expliquée ci-dessous).
Quand et comment une pension alimentaire peut-elle être modifiée maintenant ? Pour plus de clarté, faisons la distinction entre la pension alimentaire personnelle pour les ex-conjoints et la pension alimentaire pour les enfants.
Pension alimentaire personnelle entre ex-conjoints
Entre ex-conjoints, une pension alimentaire peut être convenue ou imposée après le divorce.
Le mythe selon lequel le montant de la pension alimentaire ne peut pas être modifié trouve probablement son origine dans cette pension alimentaire personnelle entre ex-conjoints.
Lorsque les conjoints avaient convenu d’un montant de pension alimentaire avant l’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur le divorce le 1er septembre 2007, ce montant convenu dans l’accord ne pouvait plus être modifié ultérieurement par le tribunal, même en cas de circonstances modifiées. Seules les parties pouvaient, par accord mutuel, convenir d’un nouveau montant ajusté.
En revanche, si le montant avait été imposé par le tribunal, le tribunal pouvait ensuite ajuster ce montant en cas de circonstances modifiées. Cela se produisait assez rarement, par exemple en cas de perte d’emploi due à une maladie.
Bien que la loi ait été modifiée à ce sujet depuis 2007, le mythe de « l’immuabilité » persiste. Cependant, depuis la nouvelle loi sur le divorce de 2007, la possibilité de modification de la pension alimentaire personnelle s’applique à tous les types de divorces.
Pour clarifier :
La modifiabilité avant la loi du 1er septembre 2007
Dans un accord
Si un montant de pension alimentaire entre ex-conjoints était convenu avant l’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur le divorce, ce montant fixé dans l’accord ne pouvait pas être modifié.
L’accord entre les parties était contraignant.
Même en cas de circonstances modifiées, le tribunal ne pouvait en aucun cas ajuster le montant.
Il n’y avait que deux possibilités de modification de ce montant :
- La modifiabilité prévue dans l’accord lui-même ;
- La modification par accord mutuel entre les parties.
Si aucune possibilité de modification n’était prévue dans l’accord et que l’ex-conjoint responsable de la pension alimentaire perdait son emploi en raison, par exemple, d’une maladie ou d’une faillite, il était malheureusement sans recours… sauf si l’ex-conjoint bénéficiaire de la pension alimentaire acceptait une réduction ou l’annulation du montant de la pension alimentaire.
Imposé par le tribunal
D’autre part, il est également possible que le tribunal ait imposé un montant de pension alimentaire avant le 1er septembre 2007 parce que les parties n’étaient pas parvenues à un accord.
Dans ce cas, le tribunal pouvait et peut encore soumettre ce montant imposé à une modification ultérieure en cas de circonstances modifiées.
Les hypothèses sont les suivantes :
- Le tribunal estime qu’il n’y a pas de circonstances modifiées : le montant n’est pas modifié par le tribunal, mais peut toujours être modifié d’un commun accord entre les parties ;
- Le tribunal estime qu’il y a des circonstances modifiées : le montant peut être ajusté.
Conclusion
Seule la situation où :
- les parties ont convenu d’un montant de pension alimentaire dans un accord,
- avant la loi du 1er septembre 2007,
- aucune possibilité de modification n’était prévue par la suite,
- aucun nouvel accord ne peut être trouvé sur la modifiabilité,
ne peut plus être modifiée à ce jour.
Dans une telle situation, il est conseillé de tenter de négocier afin d’aboutir à un nouveau montant sur la base de l’équité, ou d’abolir la pension alimentaire. Dans ce cas, il est recommandé de consulter un avocat. Nous pouvons vous aider dans ces négociations.
Modifiabilité après la loi du 1er septembre 2007
Depuis le 1er septembre 2007, il existe heureusement un raisonnement inverse par rapport à avant.
Le principe est maintenant la modifiabilité du montant de la pension alimentaire, que cela ait été convenu entre les parties ou imposé par un tribunal.
Dans tous les cas, un nouveau montant peut être convenu par accord mutuel entre les parties.
Si les parties ne parviennent pas à un accord, elles peuvent saisir le tribunal en vue de modifier ou d’abolir le montant.
Le tribunal peut donc augmenter, diminuer ou abolir la pension alimentaire.
Cependant, cela ne peut se faire que si, en raison de nouvelles circonstances, indépendamment de la volonté des parties, le montant n’est plus adapté.
En résumé, la pension alimentaire est en principe modifiable, sauf accord contraire entre les parties.
Pour plus de complétude, mentionnons également que entre ex-conjoints légalement cohabitants, une pension alimentaire personnelle peut être convenue ou imposée par un tribunal si celui-ci peut convaincre le tribunal de l’obligation d’assistance entre conjoints légalement cohabitants. Entre ex-conjoints de fait, cela n’est actuellement possible que s’ils en conviennent mutuellement.
Pension alimentaire pour les enfants
Une pension alimentaire pour les enfants peut être due tant par des parents divorcés que par des parents non mariés ayant des enfants en commun (donc également pour les cohabitants légaux et de fait).
Pour la pension alimentaire pour les enfants, les possibilités suivantes existent à nouveau :
- Accord mutuel entre les parties, avec un jugement d’accord sur le montant de la pension alimentaire ;
- Absence d’accord entre les parties et le tribunal décide du montant de la pension alimentaire à payer.
Des situations se présentent régulièrement où un parent souhaite modifier le montant de la pension alimentaire (l’augmenter, le diminuer ou l’abolir).
Par exemple, dans les situations suivantes :
- Il y a une augmentation ou une diminution manifeste des coûts liés aux enfants : les enfants ont entre-temps grandi, ce qui entraîne inévitablement des coûts plus élevés ;
- Il y a une augmentation ou une diminution manifeste des ressources financières du parent bénéficiaire, indépendamment de sa volonté ;
- Il y a une augmentation ou une diminution manifeste des ressources financières du parent débiteur, indépendamment de sa volonté ;
- Il y a eu un changement dans le régime de résidence des enfants, par exemple, au lieu d’une alternance hebdomadaire, les enfants passent maintenant un week-end sur deux chez un parent, ce qui entraîne des coûts moindres pour ce dernier.
Est-ce qu’une pension alimentaire pour les enfants peut être modifiée dans ces situations ? Et que peuvent faire les parties si elles souhaitent modifier le montant de la pension alimentaire ?
Un nouvel accord mutuel
Les parties peuvent toujours, par le biais de négociations, apporter des modifications à l’accord existant ou à la décision judiciaire. Il est recommandé que cet nouvel accord soit également formalisé par écrit et éventuellement soumis au juge pour homologation, de manière à ce qu’il soit transformé en un jugement exécutoire.
Une clause de révision dans l’accord initial
Il est également possible (et même recommandé) que les parents incluent une clause de révision dans leur premier accord, confirmant ainsi la révocation potentielle de l’accord et convenant à l’avance des facteurs changeants qui pourraient entraîner une modification de la pension alimentaire.
Lorsqu’un facteur changeant se présente, les parties n’ont pas besoin d’entamer une nouvelle procédure devant le tribunal ou de négocier à nouveau. L’augmentation se produit immédiatement, simplement parce qu’elle a été convenue entre les parties.
La possibilité de modification peut être liée à des moments spécifiques ou à certaines conditions. Souvent, des moments clés dans la vie des enfants (par exemple, à 6, 12 et 18 ans) ou des moments cruciaux dans leur éducation (le passage au secondaire ou le début des études supérieures) sont inclus comme facteurs de modification.
En prévoyant des clauses de révision claires, de nombreuses discussions peuvent être évitées. Il est donc recommandé de spécifier les circonstances particulières, d’indiquer les moments précis et éventuellement d’inclure une méthode de calcul.
Modifications unilatérales
Lorsque les parents ne parviennent pas à un nouvel accord mutuel et n’ont pas inclus de clause de révision dans leur accord initial, et que le jugement ne dit rien à ce sujet, mais qu’un des parents souhaite modifier le montant, la législation offre une solution. Cela est possible aussi bien pour les parents mariés que pour ceux qui ne l’étaient pas.
Dans cette situation, le tribunal doit être saisi pour effectuer la modification prévue.
La réglementation financière concernant les enfants peut alors être révisée si trois conditions sont remplies :
- Il y a de nouvelles circonstances ;
- Ces circonstances surviennent indépendamment de la volonté des parties ;
- Elles modifient de manière significative la situation des parents ou des enfants.
Les nouvelles circonstances indépendantes de la volonté des parties peuvent inclure, par exemple, le chômage involontaire, l’incendie de la maison, un vol important, une modification manifeste du revenu due à une maladie prolongée, etc.
La modification importante exigée par la loi peut être liée à un changement dans la situation des enfants ou des parents eux-mêmes, comme par exemple un changement dans le régime de résidence.
Conclusion
« L’allocation alimentaire ne change jamais » est donc un mythe, mais avec nuance.
Le montant peut toujours être ajusté par le biais de négociations, tant en ce qui concerne la pension alimentaire pour les enfants que celle entre ex-conjoints.
Si un accord mutuel n’est pas possible, il est possible de saisir le tribunal.
La pension alimentaire personnelle après le divorce est fondamentalement modifiable à partir du 1er septembre 2007, sauf indication contraire. La pension alimentaire personnelle fixée dans un accord avant le 1er septembre 2007 ne peut être modifiée que si une clause de révocation est prévue, ou si les parties conviennent ultérieurement qu’elle peut être modifiée. En l’absence d’un nouvel accord ou d’une clause de révocation, le montant de la pension alimentaire reste inchangé.
La pension alimentaire pour les enfants peut toujours être modifiée par le tribunal si de nouvelles circonstances indépendantes de la volonté des parties se présentent. Cependant, il est toujours préférable de convenir à l’avance des circonstances qui justifieront la modification, afin d’éviter des discussions sur le caractère « nouveau » et « imprévu » dans le futur.
En pratique, il y a souvent des ambiguïtés ou des questions à ce sujet. Si vous souhaitez modifier le montant de la pension alimentaire que vous payez ou recevez, l’équipe de droit de la famille peut vérifier si cela est possible et comment procéder.